Londres, 1940.
Soucieux de pallier l'anéantissement de l'armée britannique à Dunkerque,
Winston Churchill a une idée qui va changer le cours de la guerre : créer une
branche noire des services secrets, le Special Operation Executive (SOE),
chargée de mener des actions de sabotage et de renseignement à l'intérieur des
lignes ennemies et dont les membres seraient issus des populations locales pour
être insoupçonnables. Du jamais vu jusqu'alors.
L'existence même du
SOE a été longtemps tenue secrète. Soixante-cinq ans après les faits, Les
Derniers Jours de nos pères est un des premiers romans à en évoquer la création
et à revenir sur les véritables relations entre la Résistance et l'Angleterre
de Churchill.
MON
AVIS
Pour commencer,
faisons simple : j’adore découvrir de nouveaux romans se déroulant
durant la 2GM, de lire de nouvelles visions, points de vu et histoires
concernant cette période du XXème siècle. Et ne pas oublier. Surtout ne
jamais oublier. Voilà, les bases sont posées.
Je dois aussi avouer
que le petit bandeau rouge indiquant un roman de Joël Dicker m’a effectivement
interpellée. (Et ben oui, le marketing, ça fonctionne bien !)
Donc comme vous
pouvez vous en douter, ce roman se passe au moment de la Seconde Guerre
Mondiale, lors de l’invasion des Allemands en France jusqu’à sa libération et
les diverses conséquences que celle-ci a pu avoir sur les protagonistes. L’action
se déroule ici dans deux pays différents : la France et le Royaume-Uni.
L’auteur, dans son
premier roman primé, pour lequel il a reçu le Prix des écrivains genevois en
2010, fait découvrir au lecteur, un service peu connu du grand public : le
SOE, les Special Operations Executive, soit les services secrets
britanniques qui ont entraîné des agents spéciaux de différentes
nationalités pour qu'ils puissent infiltrer leur propre pays et lutter
contre les envahisseurs allemands. Ici, on suit la section F, pour la
section française de ces services secrets.
Intéressée par le
sujet inhabituel, le lecteur suit le destin « brisé » de ces jeunes
européens, français, britanniques d’origines françaises ou québécoises,
qui se sont levés contre la tyrannie et l’injustice quand
personne d’autre ne pouvait ou ne souhaitait se comporter comme des Hommes. Les
conduisant parfois à commettre l’irréparable. Pour le plus grand bien. Ou pas.
Le terme « d’Homme »
revient inlassablement tout au long du roman comme un film conducteur à cette
fatalité de la guerre. Sommes-nous et serons-nous toujours des Hommes après ces
atrocités ?
J’aime à croire qu’il
y a un fond de vérité, et que ces personnages inconnus ou méconnus, résonnent
avec la vie de ces gens réels qui ont vécu ces temps difficiles.
Les protagonistes
principaux sont réels. Réels et vrais. Je ne sais comment le
décrire autrement. Ils sont vrais dans leurs désillusions et leurs espoirs,
leurs qualités et leurs défauts, leurs réussites et les échecs, leurs vertus et
leurs pêchés.
Le plus dur,
finalement dans ce roman, c’est de ne pouvoir être en colère contre aucun grand
« méchant » de l’histoire. Nous ne pouvons blâmer que des Hommes qui sont devenus
des hommes et des femmes, tout leur humanisme envolé.
Nous suivons très
clairement l’histoire de cette section française du SOE, éclairée parfois par
certains personnages Allemands : « les méchants ». (J'utilise le terme
"méchant" à défaut d'en trouver un plus approprié et par simplicité.)
Qui à cause de leur foi en leur patrie et en leurs dirigeants ont accompli les
actions horribles que nous connaissons et qui nous révoltent aujourd'hui. Par
lâcheté très souvent, et pour la plupart, rarement par plaisir.
Joël Dicker rappelle
un fait important à son lecteur que tous les Allemands n’étaient pas Nazis et
ne prenaient pas plaisir dans les atrocités de guerre. Beaucoup d’enrôlés
Allemands étaient aussi de jeunes hommes tout juste sortis de
l’adolescence. Des adolescents faisant la guerre contre et à d’autres adolescents. La
guerre, peu importe qui l’a fait, est toujours plus complexe que le simple
manichéisme « bien » contre « mal ». Après tout, l’Histoire est toujours écrite
par les vainqueurs, et pour gagner les vainqueurs n'agissent pas toujours
justement non plus.
Le pire dans ce
roman, c'est quand tu sens le drame venir. Tu le sens venir,
inéluctablement et tu sais que cela va être un carnage, que ton petit cœur tout
fragile aura du mal à s’en remettre. Mais tu sais aussi que cela doit arriver
parce que c’est une fatalité. Parce qu'une guerre n'est pas un
roman et ne doit pas être romancée pour lui donner une belle et héroïque
apparence. Parce que dans le meilleur des mondes, il n’y aurait pas de drames
et encore moins de guerres. Mais que ce meilleur des mondes n’existe pas et que
le drame arrivera que tu le veuilles ou non. Et surtout, tu ne peux t’empêcher
de continuer, parce que tu veux découvrir l’histoire extraordinaire de ces gens
ordinaires, de ces gens, humains avant tout, comme toi et moi, qui n’ont rien
demandé à personne et qui ont décidé de se battre pour ceux qui ne veulent ou
ne peuvent le faire. De se battre pour ce qu'ils croient être juste et
bien. Et je voulais continuer à découvrir cette si terrible, époustouflante et
belle histoire.
Premier roman de Joël
Dicker, je pense que vous l’aurez compris, je l’ai beaucoup aimé.
Bien plus que La Vérité sur l'Affaire Harry Québert ou La
Famille des Baltimore (bien que ce soit des styles et des genres très
différents, je n'ai pas été emportée de la même manière, avec la même
intensité). J’aime toujours lire ces romans fondés sur cette partie de
notre Histoire si dramatique et terrible. Parce qu’il ne faut jamais oublier
d’où l'on vient et ce qu’il pourrait toujours arriver. Il peut être justement difficile
d’écrire un roman sur quelque chose de si terrible que l’on n’a pas vécu ou
même de l’appréhender correctement blotti au chaud chez soi, mais Joël
Dicker nous sert un roman brillant, complexe et solide. La plume de
l'auteur ici fait des merveilles pour retranscrire les émotions pures, brutes
et contradictoires des protagonistes. Et je ne peux compter le nombre de
fois où mon cœur a battu la chamade avec eux, où mon cerveau s'est
demandé quelle décision prendre face à leur choix cornélien.
Le + : Le cadre
historique, le style de l'auteur, l'histoire et les personnages
Le - : /
MA NOTE
Je vous partage
quelques passages du roman. Juste pour la beauté du texte:
"Le courage, ce n'est pas de ne pas avoir peur : c'est d'avoir peur et de
résister quand même."
"[...]
l'indifférence ne se combat pas, ou alors difficilement. L'indifférence est la
raison même pour laquelle nous ne pourrons jamais dormir tranquilles; parce
qu'un jour nous perdrons tout, non pas parce que nous sommes faibles et que
nous avons été écrasés par plus fort que nous, mais parce que nous avons été
lâches et que nous n'avons rien fait. La guerre, c'est la guerre. Et la guerre
va te faire prendre conscience des plus terribles vérités. Mais la pire de
toutes, la plus insupportable, c'est que nous sommes seuls. Et nous serons
toujours seuls. Les plus seuls des seuls. Seuls à jamais. Et il faudra vivre
quand même."
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