mardi 9 janvier 2018

La Fille du Train - Paula Hawkins



Depuis la banlieue où elle habite, Rachel prend le train deux fois par jour pour aller à Londres. Le 8 h 04 le matin, le 17 h 56 l’après-midi. Chaque jour elle est assise à la même place et chaque jour elle observe, lors d’un arrêt, une jolie maison en contrebas de la voie ferrée. Cette maison, elle la connaît par cœur, elle a même donné un nom à ses occupants qu’elle voit derrière la vitre. Pour elle, ils sont Jason et Jess. Un couple qu’elle imagine parfait, heureux, comme Rachel a pu l’être par le passé avec son mari, avant qu’il ne la trompe, avant qu’il ne la quitte. Rien d’exceptionnel, non, juste un couple qui s’aime. Jusqu’à ce matin où Rachel voit un autre homme que Jason à la fenêtre. Que se passe-t-il ? Jess tromperait-elle son mari ? Rachel, bouleversée de voir ainsi son couple modèle risquer de se désintégrer comme le sien, décide d’en savoir plus sur Jess et Jason. Quelques jours plus tard, c’est avec stupeur qu’elle découvre la photo de Jess à la une des journaux. La jeune femme, de son vrai nom Megan Hipwell, a mystérieusement disparu…





MON AVIS
La 4ème de couverture m'a fortement intriguée. Le roman s'annonçait comme un polar de bon calibre, tortueux à souhait. Ici, on parle de Mme Lambda qui assiste à un fait divers comme un autre. Une Mme Lambda pas si lambda que ça et un fait divers plus si divers quand on creuse la surface.

L'idée est bonne. Paula Hawkins utilise un phénomène que tout le monde fait un jour ou l'autre: étudier la vie de son voisin, essayer de découvrir les secrets de la vie des gens proches de nous et oser croire qu'on peut les percer à jour juste en les observant.

La narratrice de l'histoire, Rachel, est une femme intéressante de part son caractère, sa situation et son passé. Avoir son insight, son ressenti c'est comme regarder à travers un miroir déformant, comment savoir ce qui est vrai de ce qui ne l'est pas, comment distinguer le mensonge de la vérité ? Et Paula Hawkins joue parfaitement sur ce tableau entre illusion et faits réels.

A travers l'histoire de Rachel, c'est aussi un thème que j'ai encore rarement rencontré du point de vue d'un personnage principal: l'alcoolisme et les conséquences que cela peut engendrer dans la vie quotidienne. Bien sûr on peut tous imaginer ce qu'elles sont. Mais cela reste original de le voir aborder sous cet angle afin d'étudier les réactions de l'entourage et de la personne concernée (qui tente d'agir pro-activement sur son état). C'est également le thème de la culpabilité de Rachel qui entre en jeu dans ce roman, ce que j'ai trouvé assez novateur.

Finalement, ici, on suit les points de vue des trois protagonistes féminins: l'ex-femme alcoolique, la nouvelle femme jeune mère au foyer et la disparue. L'auteure construit son roman comme un journal intime de ces femmes, si différentes dont la trame de leur vie vont se rejoindre de la pire des manières.

Les informations tombent au compte goutte et c'est à nous de reconstituer le puzzle. De démêler le vrai du faux. Le roman est bien construit et mène bien son lectorat. C'est un thriller intrigant et emmenant. De ce point de vue là, le succès que le roman a gagné est mérité.

J'aurais également aimé que l'auteure appuie un peu plus sur le côté psychologique de ses personnages. Si c'est le cas avec "Jess", la femme disparue, il m'a manqué certains aspects pour les autres personnages du roman. J'aurais aimé connaître plus en profondeur leurs motivations, notamment au fin mot de l'histoire.

Je dois également dire que j'ai pu deviner la fin dès le début de la deuxième moitié de roman et de ce fait, je m'attendais à une révélation plus grandiose. La fin reste pourtant en adéquation avec le côté "vie quotidienne" et fait divers du roman.

C'est un bon thriller qui mérite d'être lu, mais qui ne m'a pas emportée comme je l'aurais espéré.


Le + : Le thème de l'alcoolisme qui est traité, un point de départ présenté comme "fait divers"
Le - : Le manque de psychologie développée pour certains personnages.


MA NOTE


mardi 2 janvier 2018

Le rapport de Brodeck - Philippe Claudel



Je m’appelle Brodeck et je n’y suis pour rien. Je tiens à le dire. Il faut que tout le monde le sache. Moi je n’ai rien fait, et lorsque j’ai su ce qui venait de se passer, j’aurais aimé ne jamais en parler, ligoter ma mémoire, la tenir bien serrée dans ses liens de façon à ce qu’elle demeure tranquille comme une fouine dans une nasse de fer. Mais les autres m’ont forcé : « Toi, tu sais écrire, m’ont-ils dit, tu as fait des études. » J’ai répondu que c’étaient de toutes petites études, des études même pas terminées d’ailleurs, et qui ne m’ont pas laissé un grand souvenir. Ils n’ont rien voulu savoir : « Tu sais écrire, tu sais les mots, et comment on les utilise, et comment aussi ils peuvent dire les choses. Ça suffira. Nous on ne sait pas faire cela. On s'embrouillerait, mais toi, tu diras, et alors ils te croiront.»




MON AVIS
Philippe Claudel dépeint ici, l’horreur de la guerre dans toute sa splendeur. Celle qui écrase une nation, qui détruise un peuple, en commençant par ses hommes.

Primé en 2007, par le prix Goncourt des lycéens, Le rapport de Brodeck, est un roman bouleversant, qui vous serre le cœur, et fait montée la bile aux bords des lèvres.

On y découvre la Peur. La Peur et ses méfaits. La Peur et ses lieutenants: rejet, haine, violence...

Brodeck, protagoniste principal, et voix de cette histoire raconte au lecteur la vie qu’il a vécu. Une enfance difficile tâchée par une première guerre, une vie de jeune adulte blessée par les souffrances d’une seconde guerre et un retour à une réalité difficile. 

Ces guerres loin d’être les événements primordiaux de ce roman, ne sont que des excuses, des prétextes, derrière lesquelles se cachent les hommes pour justifier leurs actes. 

Un nouveau présent, qui peut-être, révèle uniquement l'horrible vérité de la nature de l'Homme.

Brodeck écrit cette histoire, comme il raconterait la vie. C’est un récit désordonné et dans le désordre… un souvenir en rappelant un autre, entraînant son lecteur vers les eaux troubles des motivations humaines.

J’ai été touchée par la poésie des mots de Brodeck, par la douceur de son regard sur le monde, la tendresse qu'il montre envers les membres de sa famille. Sa vision, parfois complexe et brouillée, nous entraîne sur la route de son histoire et de celle de son village. Un village de campagne tellement reculé qu’au début j’ai eu l’impression de retourner bien loin dans les âges.

On suit l’histoire comme on pourrait suivre un roman policier. De nombreuses questions se posent, dont les réponses restent floues. On attend et on découvre la vérité. Une vérité toute relative et parfaitement subjective. La réalité semble parfois se mélanger aux fantasmes, aux désirs et aux souvenirs. Rien n'est réellement situé ou affirmé, tout est insinué. Pourtant, certains éléments semblent clairs...

Ce roman est doux et violent. Terrible surtout. Après l’avoir fini, il est facile de se rendre compte du pouvoir que l’homme possède entre ses mains. De ce qu’il est capable de faire lorsque la peur et la rage prennent le dessus. C'est une lecture qui invite à la réflexion tout au long du roman et bien après.


C’est un roman que je conseille pour toute personne. Les émotions sont dures et fortes. La fiction pourrait facilement devenir réalité. A pu être réalité lors d'un sombre passé. Et cette réalité est bien effrayante. Philippe Claudel confronte son lecteur face aux dures réalités pour mieux comprendre et peut-être, ne pas recommencer.


Le + : Un roman sombre qui se lie comme on pourrait lire une autobiographie: parsemé de souvenirs...
Le - : /


MA NOTE



mercredi 20 décembre 2017

L'homme au complet marron - Agatha Christie






Londres. Un homme se tient au bord du quai du métro. Soudain, il recule et tombe sur les rails. Accident ? Suicide ? La police retrouve dans ses poches un permis de visite pour une maison à louer dans la banlieue de Londres. Le corps d'une inconnue est découvert dans une villa déserte. La villa du Moulin. Coïncidence ? Difficile à admettre ; D'autant qu'en ces deux occasions, un même suspect semble s'être trouvé sur les lieux ; Signalement : grand, bien bâti, bronzé, yeux gris. Autre détail : l'homme porte un complet marron...





MON AVIS

A nouvelle semaine, un nouvel Agatha Christie. Sans rigoler, on pourrait lire un roman d'Agatha Christie par semaine pendant un an, et pourtant voir commencer une nouvelle année.

L'homme au complet marron est un des premiers romans d'Agatha Christie. Ecrit en 1924, on y suit les aventures d'une jeune femme curieuse et passionnée, nommée Anne, impatiente de découvrir le monde. Elle est bien loin de l'idée qu'on pourrait se faire des jeunes femmes venant de réchapper à la Première Guerre Mondiale.

Anne monte ainsi à Londres, et tombe sur un mystère: un homme meurt sous ses yeux et un homme au complet marron est à la fois présent sur cette scène de crime et sur une deuxième un peu plus tard dans la journée. Loin de se laisser démonter, Anne décide de résoudre cette énigme, même si cela revient à voyager à l'autre bout de la terre.

J'ai aimé Anne, son courage, son astuce et surtout son sens de la répartie. La Reine du Crime a su créer un personnage intelligent et déterminé. Elle est loin d'être naïve, alors qu'elle n'avait jamais quittée son village natale auparavant. Elle se fait confiance, suit son instinct et se fie aux indices qu'elle peut découvrir.

A côté d'elle, Agatha Christie, développe des personnages bien différents pour venir supporter Anne dans son aventure. Aucun n'est stéréotypé. C'est une des forces de l'auteure, selon moi. Chacun joue minutieusement le rôle qui lui a été attribué par l'auteure. Par contre, ils vieillissent plutôt mal et certains développements de l'intrigue, concernant les personnages, m'ont paru rapide, précipité et mal amené (notamment l'amourette de Anne).

Cette passion fulgurante, que j'ai déjà pu rencontrer dans d'autres de ces romans me gêne: elle construit des personnages féminins fortes, instruites, passionnée et déterminée qui tombent pourtant irrévocablement amoureuses d'un homme de leur entourage. Agatha Christie, dès les années 20, a su développer des femmes qui sortent des carcans de la société mais qui trouvent un mari à la fin de leurs aventures. Avant-gardiste, je pense pouvoir dire qu'elle l'était, mais cela donne une sorte de "à moitié" qui vieillit mal.

Côté intrigue, Agatha Christie mène le lecteur par le bout du nez du début à la fin. Par des biais scénaristiques et des indices tellement bien cachés que découvrir l'identité du "méchant" revient à l'impossible. On passe de rebondissements en péripéties sans répit, avec une héroïne astucieuse qui peut en découdre.

J'ai donc passé un bon roman en compagnie de ces deux femmes, Anne et Agatha, bien que celui-ci ne soit pas le roman le plus abouti de la romancière.


Le + : Un mystère comme seul Agatha Christie, Reine du Crime, peut en concocter et une furieuse envie de découvrir l'Afrique du Sud
Le - : Des personnages au caractère vieillissant mal


MA NOTE

mercredi 22 novembre 2017

[La Trilogie du Mal] In Tenebris - Maxime Chattam




Chaque année, des dizaines de personnes disparaissent à New York dans des circonstances étranges. La plupart d'entre elles ne sont jamais retrouvées. Julia, elle, est découverte vivante, scalpée, et prétend s'être enfuie de l'Enfer. On pourrait croire à un acte isolé s'il n'y avait ces photos, toutes ces photos... Annabel O'Donnel, jeune détective à Brooklyn, prend l'enquête en main, aidée par Joshua Brolin, jeune spécialiste des tueurs en série. Quel monstre se cache dans les rues enneigées de la ville? Et si Julia avait raison, si c'était le diable lui-même? Ce mystère, ce rituel... Dans une atmosphère apocalyptique, Joshua et Annabel vont bientôt découvrir une porte, un passage... dans les ténèbres.





MON AVIS
Je me suis lancée une nouvelle fois dans le monde sombre et angoissant créé avec brio par Maxime Chattam. Si nous suivons toujours Joshua Brolin, ancien inspecteur qui travaillait sur l'enquête du fantôme du Portland, le lecteur rencontre aussi Annabel O'Donnel, jeune inspectrice à New York.

Changement de personnages, changement de décor, on traverse le continent, direction New York donc. Loin des lumières de la grosse pomme, Maxime Chattam nous plonge dans une ville angoissante, voire glauque, à la frontière entre roman noir et thriller.

Le mystère est plein. Du début à la fin, je n'ai pu m'empêcher de douter, d'élaborer des solutions, des raisons qui pourrait justifier les actes auxquels j'ai pu être confronté, touchant seulement du bout du doigt la réalité dans laquelle l'auteur nous immerge.

Il était impossible pour moi de lâcher ce roman avant de découvrir le fin de mot  de l'histoire, ce qui était réservé aux protagonistes, découvrir le "coupable" et être complètement horrifiée par la fin. L'intrigue mise en place dépasse tout simplement l'entendement, et me soulève encore l'estomac alors que j'écris ses lignes. D'autant plus que rien n'est tiré par les cheveux et que je suis convaincue que ce type de réalité doit malheureusement existée...

Une fois encore, Maxime Chattam m'a bluffée par son écriture efficace et pourtant si poétique dans la description des paysages et de ses personnages, de son intrigue réaliste et angoissante et des protagonistes auxquels on s'attache en un tour de main.

C'est un roman, ce n'est pas une nouvelle, que je recommande aux amateurs de policier et de thriller. Vous ne serez pas déçus ! Maxime Chattam est pour moi ma révélation de cette année.


PS: j'ai beaucoup apprécié de tomber sur un livre défectueux dans lequel il manquait 30 pages en plein milieu d'une scène d'action où la tension était bien présente ;)


Le + : Une intrigue efficace qui empêche le lecteur de lâcher le roman avant de l'avoir terminé
Le - : /


MA NOTE


Dans la même série
[L'âme du Mal] L'origine du Mal
[L'âme du Mal] In Tenebris
[L'âme du Mal] Maléfices

dimanche 19 novembre 2017

Mort sur le Nil - Agatha Christie





Ce n'est pas très joli de voler son fiancé à sa meilleure amie pour se marier avec lui. Et même si l'amie en question semble se résigner, la ravissante et riche Linnet Ridgeway a bien des raisons d'être inquiète... Surtout quand le hasard les rassemble, pour une croisière sur le Nil, avec d'inquiétants personnages, dans une lourde atmosphères de sensualité et de cupidité.
Un petit revolver, un crime étrange, une énigme de plus à résoudre pour un passage pas comme les autres: Hercule Poirot.






MON AVIS

Agatha Christie ou la valeur sûre du roman policier.

Voila comment décrire de manière simple et efficace ce que je pense des romans de cette grande dame de la littérature. Elle offre toujours une intrigue efficace qui oublie les schémas complexes et compliqués, parfois tirés par les cheveux. Je suis bluffée par le talent de l'auteure à nous livrer une intrigue et une trame policière bien ficelées se résolvant par la seule force d'esprit et de la réflexion ou la "matière grise".

Le roman débute par une entrée intrigante mettant en place les différents pions de l'histoire. Pion est le bon mot puisque Hercule Poirot s'offre une partie d’échec avec le criminel et celle-ci se joue sous nos yeux.

Là où Agatha Christie nous démontre son habileté à tirer les fils de ses marionnettes c'est la convergence des intrigues qui se mêlent et se joignent vers le lieu principal de l'action: l'Egypte. L'intrigue ne s'arrête pas au simple "meurtre". Chaque personnage a ses propres secrets, et est plus ou moins honnête envers les autres et envers lui-même. Les autres méfaits sont également mis à jour et ceux là je ne les avais pas vus venir, car beaucoup plus subtiles à mon sens.

Son talent est réellement indémodable. Elle nous offre un huis clos pénétrant dans une atmosphère égyptienne étouffante à la hauteur de l'Orient-Express qui est rappelé à notre bon souvenir. L'ambiance y est parfaitement décrite et on plonge dans l'Egypte de l'époque. Les personnages sont présentés d'une très simple manière, juste ce qu'il faut pour saisir leur état d'esprit, et comprendre leur personnalité pour mieux d'entrevoir le rôle qu'ils auront à jouer dans cette trame.

Elle nous laisse toujours quelques indices qui nous permettrait de déjouer les plans du meurtrier et de découvrir le fin mot de l'histoire. On se creuse les méninges pendant toute la lecture, aux côtés de Hercule Poirot.

Cependant j'ai découvert la fin quasiment au début. Je me doutais de la résolution de l'histoire. Mais c'est là où je lui tire mon chapeau, c'est qu'elle a été capable de me faire douter du début à la fin.

Agatha Christie crée également un monde qui n'est pas manichéen, il est coloré de multiples teintes. La possibilité de pardon et de repentir existe bel et bien. Le travail et la réflexion sur la psychologie humaine donne à réfléchir et démontre le côté profondément humain de Agatha Christie au travers de son personnage de Hercule Poirot.

Agatha Christie a su m'intriguer et me faire entrer dans son roman en un tour de main. C'est un bon policier de sa part, même s'il est loin d'être un de ses meilleurs.


Le + : L'ambiance, la plume d'Agathe Christie et la complexité de l'intrigue
Le - : Une résolution que j'avais vu venir


MA NOTE


Dans le même univers
Je vous épargne les 40 romans de la série Poirot mais celui-ci est le 16ème
#15: Meurtre en Mésopotamie
#16: Mort sur le Nil
#17: Témoin muet